Souffrance au travail : graines de colère et germes d’espoir

Partage élargi du 19 mars 2016

Notre Dame de la Salette – Saint Martin d’Hères

Souffrance au travail:
graines de colère et germes d’espoir

L’équipe de préparation et d’animation de ce partage : Elisabeth Mienville, Michel Bérard, Paul Dubonnet, Robert Berland, Régis Moreira

  • Introduction de 3 témoignages: Philippe Crochet, Elisabeth Cormorèche, Jean Philippe Landru
  • Le compte rendu des 4 carrefours
  • Les graines de colère
  • Les germes d’espoir

Temps de témoignages

Toi qu’est-ce que tu vis dans ton boulot, dans ta recherche de travail, Est-ce que tu peux en parler, avec qui ? Qu’est-ce qui te permet de tenir, d’agir, pour toi  et/ou pour les autres. (Environ 10 minutes pour chaque témoignage)

Témoignage d’Elisabeth

Je travaille depuis 20 ans chez STMicroelectronics, sur le site du polygone de Grenoble.

Durant toutes ces années, j’ai exercé différentes fonctions dans l’entreprise, aujourd’hui je suis chef de projet. J’anime des équipes d’une dizaine de personnes, qui contribuent dans des domaines de compétences différents au développement de composants électroniques, rentrant dans des produits comme des téléphones portables, des boxes internet, ou autres…

J’aime ce métier qui m’apporte la joie de réaliser des projets avec des collègues de différents métiers, de différents pays et cultures, et la fierté de voir le fruit de notre travail dans des produits que tout le monde (ou presque) peut acheter. Nous travaillons parfois très dur, et j’essaie d’être très attentive aux collègues quand je sens qu’ils sont en souffrance ou menacés de burn out.

Aujourd’hui, nous vivons une nouvelle fois un arrêt d’activité. ( c’est la 4ème fois en 10 ans).

Pour ma part, c’est la deuxième fois que je suis directement touchée ( La première fois était en 2013)

L’entreprise a annoncé fin Janvier l’arrêt de l’activité des décodeurs TV et boxes internet dans laquelle je travaille, et ses conséquences sont terribles:

1400 suppressions de postes dans le monde, qui se traduisent par des centaines de collègues licenciés en Asie et aux Etats unis, et pour la France, un plan qui prévoit le reclassement de 600 personnes dans d’autres activités, mais aussi un plan de départs volontaires de 430 personnes, qui touche essentiellement les sites de Grenoble et Paris ( ca représente environ 20% des emplois) . C’est énorme, et cela fait suite à de multiples plans déjà dans les années précédentes.

Du jour au lendemain, mes collègues et moi même nous sommes retrouvés sans activité.

Nos clients eux mêmes ne comprennent pas la décision de l’entreprise, car ils étaient satisfaits de nos produits. Certains, a force de menaces de poursuites légales, ont obtenu que leurs projets soient poursuivis jusqu’à leur terme.

Nous avons le sentiment d’un immense gâchis, d’être dirigés par des gosses de riches qui ne connaissent pas la valeur de leur entreprise et du savoir faire de leurs salariés. Aujourd’hui plus que jamais, les organisations syndicales et les salariés demandent aux gouvernements français et italiens, actionnaires de l’entreprise, le départ de notre PDG et de son équipe.

Humainement, la situation est très dure en ce moment. Chacun se demande

  • y aura t-il un poste pour moi dans les autres activités?
  • Comment vont être attribués les postes? certains ont un meilleur réseau que les autres, ne seront-ils pas avantagés?
  • si non, comment vais-je tenir sans rien à faire pendant des mois?
  • est-ce que le plan de départs volontaires ne va pas se transformer en plan de licenciement s’il n’y a pas assez de volontaires?

Pour ma part, après l’annonce, ce qui m’a aidé à tenir c’est

– d’une part l’espoir malgré tout de retrouver un poste similaire, malgré mon âge qui commence à être grand pour cette industrie, espoir qui s’est finalement concrétisé cette semaine.

– mais aussi l’idée que cette situation était peut être le coup de pied au derrière dont j’avais besoin pour oser aller voir du coté de l’économie sociale et solidaire autour de laquelle je tourne depuis un moment… Là aussi des choses sont en train de se concrétiser, par des contacts avec le chantier d’insertion de L’Arche aux Jouets, ou j’ai décidé de m’engager comme bénévole. C’est une façon pour moi d’avoir une activité qui fait plus de sens que mon travail d’ingénieur. C’est une nouvelle aventure qui commence et qui pourrait, qui sait, déboucher un jour sur un changement radical dans ma carrière professionnelle…

Au quotidien, j’essaie de prendre du temps pour échanger avec les collègues pour leur permettre de dire ou ils en sont, les questions qu’ils se posent, de s’exprimer sur leur situation, leur permettre une parole sur ce qu’ils vivent.

J’ai aussi la chance de pouvoir partager avec Nico et avec ma famille, et j’ai pu partager en équipe de révision de vie ACO le mois dernier. 

 

Lors de la Révision de vie en équipe ACO, j’ai pu exprimer comment par bien des égards, je vivais cette situation comme un deuil, avec toutes ses étapes (le choc, le déni, la colère, la peur, la tristesse, acceptation, la quête de sens, renouveau…) , et comment cela me poussait à envisager un possible changement radical dans ma carrière professionnelle, vers une activité plus porteuse de sens et d’une plus grande utilité sociale.

Avec les copains, nous avons échangé sur ce qui nous pousse à changer des choses dans nos vies: des événements, des rencontres, des réflexions personnelles ou à plusieurs. Nous avons partagé sur un texte de l’ancien testament a propos de la sortie d’Egypte, qui nous aide a avoir confiance pour oser aller voir ailleurs…

En cette semaine Pascale qui démarre, je fais la prière que ce choc, cette rupture, soit pour chacun de mes collègues l’occasion d’un nouveau départ, qu’ils trouvent en eux la force d’être créateurs de leur avenir, et de rejoindre un collectif pour agir.

 

Témoignage de Jean Philippe

1° témoignage sur la souffrance au travail à La Poste

On ne peut isoler la souffrance au travail, actuellement à La Poste de sa situation économique globale : le courrier qui représente 55% du CA est en diminution chaque année de 6 à 9%. Nos dirigeants se sont donc habillés en pompiers : tout ce qui n’est pas sauvegarde immédiate de l’entreprise n’a pas voix au chapitre. Il faut sauver le soldat La Poste !

Il s’agit donc pour nous, à la Cfdt, de faire entendre une autre petite musique : ok pour sauver l’entreprise car il y a un vrai risque mais à condition que cela ne détériore pas les conditions de travail. Ce cahier des charges déjà très minimaliste n’est hélas pas partagé par les décideurs qui sont souvent tétanisés par les risques.

Je vais un petit peu détailler ce qu’est la souffrance au travail à La Poste. Je vais essayer de décortiquer les mécanismes qui créent la souffrance et qui sont subtils et différents selon les postes. Je vais démarrer par le haut et finir par le bas. La souffrance au travail est souvent liée à une sorte d’impasse psychologique dans laquelle se trouve le postier. Je prendrai 4 populations à la Poste : le Directeur Opérationnel, l’encadrant de proximité (le chef d’équipe), le guichetier et le facteur. Bien entendu, je vais prendre le postulat qu’il s’agit à chaque fois de personnes qui sont habitées d’une réelle volonté de bien faire leur travail et qui sont habitées par une notion d’humanisme.

1° le Directeur Opérationnel (D.O.) : la souffrance du Directeur Opérationnel qui veut honnêtement faire son travail est la suivante. A la Poste, et spécifiquement au courrier on réorganise tous les 2 ans : il y a une phase qu’on appelle écoute agents où l’on est censés écouter les agents individuellement et collectivement dans un groupe de travail -signalons tout de même que les dés sont pipés puisqu’on parle d’incontournables qu’on ne remettra pas en cause (la productivité, les normes d’évaluation de la charge de travail, les cadences) ; deuxième étape, le D.O. tente de bâtir une organisation qui tienne la route en prenant en compte à la fois le maximum d’aspirations individuelles et le cahier des charges ; troisième étape, le D.O. se présente devant ses décideurs hiérarchiques. Et là ça commence à coincer : « mais vous ne rentrerez pas dans la feuille de route », « les données issues de notre S.I. ne valident pas votre travail », répond-on au D.O. « J’ai essayé d’organiser au mieux en fonction de l’écoute-agent et des contraintes de La Poste » se défend-il. « Non, il faut revoir cela pour davantage coller aux objectifs fixés » ; Quatrième étape : cela se gâte complètement. Il n’y a pas 36 solutions : résister ou manger sa casquette. Pour tenir dans l’enveloppe, il faut tout refaire et tirer sur tout : baisser les moyens de remplacement, supprimer des postes sur ce qu’on peut (la qualité, l’expertise), imposer des régimes de travail ne correspondant pas aux demandes des agents ; mettre en place des organisations extrêmement tendus qui cassent dès qu’il y a un absent de trop ; Cinquième étape : il reste à faire le sale boulot, « vendre » cela sur le terrain à un moindre coût social sachant délibérément que l’on crée de la souffrance aux échelons plus bas et qu’il y aura une grosse résistance des agents, des conflits sociaux, et le Directeur Opérationnel se retrouve pris en sandwich entre ses patrons et la base. Il ne lui reste plus qu’à être sourd à son équipe ou changer de boulot…

2° l’encadrant de proximité : la souffrance de l’encadrant de proximité est qu’il est pris constamment dans un conflit de loyauté : on lui demande d’assurer une bonne qualité de service mais on ne lui donne pas les moyens d’assurer cette qualité de service. Résultat, souvent le chef d’équipe fait lui-même le boulot mais il lui reste encore à faire le sien ensuite. Il croule sous la charge… Pire, lorsqu’il alerte les syndicats, il est vivement récriminé ; il y a même des DO qui leur demandent de ne pas parler aux syndicats lorsqu’ils viennent en visite terrain.

3° le guichetier : le gros de la souffrance du guichetier nait du hiatus qui existe entre ce qu’il vit au quotidien et ce que La Poste voudrait qu’il soit ; l’entreprise souhaiterait qu’il soit avenant, disponible, avec une culture bancaire très forte ; ce que vit le guichetier aujourd’hui ce sont des incivilités constantes, le fait de rester debout toute la journée, pas de pause, un aléa sur le lieu où il va travailler car il est susceptible de travailler sur une plaque qui fait parfois une 30 taine de km, avec parfois la vacation du matin dans un endroit et la vacation d’après-midi dans un autre endroit, les refus de TP du supérieur hiérarchique (s’il donne le TP, on ne lui donne pas les moyens de remplacement et il ne peut plus faire tourner la boutique), etc…

4° le facteur : la souffrance du facteur est liée au fait qu’on lui fait peser le poids de la baisse du courrier : c’est à lui, dit-on, de payer la note. Pendant longtemps, soi-disant, il a bénéficié du fini-parti. A présent c’est de plus en plus rare. On a intensifié sa charge de travail, on lui donne du travail en plus l’été. Résultat, certains jours, il n’arrive pas à finir dans ses heures sans pour autant e voir accorder des HS et n’a, de toutes façons, plus le temps de parler à ses clients. Il doit distribuer une Lettre Recommandée en moyenne en 1 minute, tout est dimensionné, pesé. Tous les 2 ans, il récupère de nouveaux clients et parfois en perd quelques-uns, impossible de s’inscrire comme avant dans une relation durable avec eux. On reorganise tous les deux ans son temps de travail journalier. La deuxième chose créatrice de stress pour le facteur, c’est la remise en cause du « contrat social » qui liait jusqu’à présent La Poste aux facteurs. Selon ce contrat social le faible salaire du facteur était compensé par le fait qu’ils avaient les après-midis de libres pour eux. A présent ce schéma disparait. La Poste met en place une pause méridienne. Pour 2 raisons : un gain immédiat de 20mn par Facteur (il y en a 80000 !) pour La Poste : on remplace une pause de 20mn comprise dans le temps de travail par une pause méridienne non comprise dans le temps de travail ; à plus long terme, on anticipe sur la décroissance du volume courrier. Le facteur ne consacrera plus qu’une demie vacation (le matin) à la distribution du courrier et fera une autre activité l’après-midi (service à la personne ou collecte de courrier en vue du départ).

SYNTHESE Dans ces 4 cas, les deux seules façons de ne pas sombrer dans un burn-out c’est se mettre dans une attitude de rupture vis-à-vis du groupe ; c’est ce que j’appellerai la sortie par le haut ou par le bas. Sortir par le haut, c’est jouer son jeu personnel pour parvenir à obtenir une promo. On assiste donc pour y arriver à des comportements extrêmement individualistes où le travail en équipe n’existe plus. Il n’est pas rare que ce type de personnes développent des attitudes cyniques, sadomasochistes, un management débridé amoral sans aucune prise en compte de la personne qui est en face. Sortir par le bas, comme nulle part on ne peut pas faire correctement son travail, eh bien on démissionne psychologiquement ou matériellement : beaucoup de demandes de postiers d’occuper un poste de niveau inférieur, de plus en plus de départs volontaires de postiers, ce qui génère du turn-over…

2° Ce qui fait ma spécificité de chrétien dans mon travail

Le travail est une dimension essentielle de ma vie et de mon être. Je ne suis pas chrétien que le dimanche à la messe ! Pour moi, toute ma vie est signe de Jésus-Christ. Quelles en sont les conséquences ?

– l’impact de mon travail dans ma foi

Je suis de la Communauté Mission de France. Tous les mois, nous nous retrouvons en équipe. Une des questions que l’on se pose concerne la sphère professionnelle : comment mon travail nourrit ma foi ; comment ce qui se vit au travail dans les solidarités, les relations, les luttes, alimente ma foi en JC. Dans une démarche missionnaire (mais au sens échange, pas au sens apporter à l’autre une vérité), cela me permet d’être attentif à la parcelle de Dieu qu’il y a chez mon collègue de travail, qui lui aussi a été créé à l’image de ce Dieu. Se dire que chez chacun, même celui qui semble le plus éloigné, il y a cette parcelle de Dieu, cela m’aide à ne pas totalement désespérer de l’espèce humaine ! Et il y a aussi la question des choix à faire à son travail : faire un mail ou aller voir la personne ? Concerter ou prendre des décisions tout seul ? Défendre un cas personnel ou une catégorie de personnes ? etc…

– l’impact de ma foi dans mon travail

Pour moi une phrase traduit bien mon état d’esprit au travail, c’est la phrase d’Aragon [au début de son poème  » il n’y a pas d’amour heureux » mis en musique par Brassens] : « Rien n’est jamais acquis à l’homme : ni sa force, ni sa faiblesse » .

Cela signifie qu’il y a une articulation à trouver entre la lutte, le combat pour la dignité de l’homme et de la femme au travail et un tempérament qui me fait espérer en tout homme, le pire qui soit. Penser que tel ou tel, du fait de son cynisme, de son égoïsme ne pourra pas sortir qq chose de positif, ne me convient pas. En résumé

On n’est sûr ni de sa force (il faut relativiser la croyance dans le fait d’obtenir des acquis nouveaux par la lutte, d’où la place centrale pour moi de la négociation) ; ni de sa faiblesse (dans une situation désespérée, d’exploitation, d’injustice, il y a toujours une façon de trouver une riposte, de se battre et aussi de faire appel à des soutiens et des solidarités).

Ma foi me porte donc à 2 choses :

à prendre des responsabilités : je n’hésite pas à être un acteur syndical visible, tout comme auparavant, j’étais un cadre supérieur qui m’engageais.

à nourrir une profonde ambition -non pas personnelle mais collective.

Ma vision chrétienne me conduit donc à me battre pour que les plus faibles soient les plus défendus. Ce qui doit se combiner avec le fait que chacun doit être défendu, même le cadre. Cela me conduit aussi à beaucoup prendre en compte l’intérêt général.

Enfin, cela m’incite à de l’exigence vis-à-vis des décideurs politiques et économiques : il est temps que s’ouvrent, au-delà des clivages partisans, des chantiers ambitieux comme le partage du travail, une réflexion sur un revenu minimum versé à tous, un accueil de l’étranger et du précaire, un plan marshall pour le logement et les banlieues, une modification des modes de vie en vue d’une décroissance et une économie verte… etc. Bref tout ce qui peut favoriser le vivre ensemble, seule riposte, selon moi à l’extrémisme et au fondamentalisme

Le temps des carrefours

Questionnement pour les carrefours :

-qu’est-ce que tu as envie de dire après ce témoignage, sur ce que tu vis.

-Qu’est-ce qui te permet de tenir, d’agir pour toi et /ou pour les autres ?

 

Carrefour 1

Souffrance des salariés qui ne peuvent plus s’adapter aux nouvelles technologies et qui sont laissés au bord du chemin .

Les stagiaires  à qui on demande de travailler autant qu’un salarié

Reproches sans savoir de quoi il retourne

On ne sait pas trop comment aider notre fils qui est au chômage

Catéchumène vit avec son chat … agent administratif … pas de préparation au baptême mais à la vie … elle commence à s’intégrer à la vie chrétienne …

Mathieu est chaudronnier , il commence à avoir des problèmes au niveau des vertèbres … il faut qu’il pense à se ré-orienter .

On peut rapidement être harceleur dans le système où la compétition est importante  à quel moment sommes nous harceleur ,

Bilan de compétence pour se sentir utile ; la reconversion  professionnelle est formidable , car on peut laisser sa peau au travail

Pacification de la relation au travail sans être naïf

Aujourd’hui il n’y a plus de lutte collective

Menace de chômage , mauvaise répartition de l’argent  , cela rend les relations agressives , le remède est  de modifier le terrain dans lequel les entreprises s’enracinent

Comment à notre niveau peut-on participer et lutter contre l’indifférence , l’injustice ?

 

Carrefour 2

 L’économie qui prime sur l’humain

Manque de reconnaissance du travail  , des compétences , des différences entre les personnes

Comme bénévole , je suis responsable de la rémunération des 6 salariés de l’association . Coment reconnaître par le salaire des ,situations très compliquées , du burn-out .

Fonction publique : un accord sur les risques psycho-sociaux

Au delà des réponses institutionnelles  , chacun doit être à l’écoute des autres

Plein de garde-fou , de droits pour que ça marche

Il y a de la difficulté à mettre en place ces droits

Il n’y a plus d’humain , difficulté à reconnaître la quantité de travail

Engager le dialogue , le maintenir

Quand on sourit , dit bonjour , on a des réponses positives

On accepte le travail mal fait … si tu veux le faire bien t’emmerdes tout le monde !!

Importance des délégués du personnel , qui recueillent les souffrances  et  présentent collectivement les situations

La violence quand on garde pour soi

Changer la culture du chef , du rendement

Etre syndicaliste et responsable associatif qui doit licencier … c’est trop dur

« Rien n’est jamais acquis à l’homme , ni sa force , ni sa faiblesse »  Aragon

 

Carrefour 3

Absence de vie malgré l’amour qu’il a pour son métier ( hôpital ) Toujours bon à remplacer les autres collègues ( nuit et jour ) les jours de fête , de congés , c’est toujours lui qui remplace et donc pas de vie malgré son envie de fonder une famille , d’avoir un engagement associatif ou politique … mais impossible Côté santé , on essaie toujours de nous culpabiliser si on ne répond pas .

Je travaille dans la restauration ( un grand groupe ) , trois personnes en cuisine , une à la plonge. Au bout de quelques jours , je me retrouve seul ( l’autre licencié car dans l’alcool ) seul pour 90 personnes ? Je travaillais de 7 h du matin à 23 h … je demande une personne .. elle arrive au bout de 5 jours mais est partie au bout de 2 jours .. j’ai réclamé plus de salaire , de reconnaissance de mes heures sup… lettre avec mon syndicat … j’ai une conscience professionnelle , c’est ce qui m’a fait rester . Souffrance : quand tu fais ton boulot , on t’en demande toujours plus ! . le travail , ça peut apporter la liberté , mais si ça crée de la souffrance , c’est pas la peine…

Avec la pression du chômage , c’est difficile de ne pas garder son travail

J’ai travaillé dans un restaurant où on nous en demandait encore plus , on a créé un syndicat , avec délégués du personnel . On disait tout ce qui n’allait pas et on rencontrait le patron tous les mois . On est allé aussi aux prud’hommes . Ca a amélioré les conditions de travail car il a reconnu ses torts

Mon action ,c’était pour le respect humain dans le restau , le toit était percé au dessus du plongeur , la pluie , la neige , lui tombait dessus , il est tombé malade … je l’ai signalé plusieurs fois , il a fallu que je fasse venir l’inspection du travail pour que ça soit réparé .

Ciment Vicat , deux suicides en quelques mois ( dont un trentenaire , père de famille )

Réorganisation à l’HP de saint Egrève : la direction leur a demandé de ne pas en parler ( clause de confidentialité)Souffrance au travail : on pense au travail même quand on rentre chez soi … ça prend toute la vie

Envahissement de l’espace privé par les mails professionnels : avec les syndicats on veut mettre des chartes de communication au travail pour ne par recvoir les mails professionnels à la maison .

A Botanic , les salariés sont soumis à la législation des saisonniers … ils doivent arrêter 4 ou 5 jours tous les trois mois … les renseigner sur la législation …

On est très mal informé sur nos droits

 

Carrefour 4

Une Personne a eu un problème cardiaque du au stress au travail  …

une autre mise dehors de l’entreprise à 53 ans …

un autre cas d’une personne  jeune licenciée économique  cherche du boulot en envoyant plus de 100   CV  … pas une réponse …

La concurrence , la rentabilité  se sont aussi parfois introduite pour les salariés du secteur associatif

Des départs remplacés par des temps incomplets ou par des glissement de charges de travail sur ceux qui sont restés

La solidarité n’existe pas beaucoup …

Combien de temps pourrais-je tenir ….

Difficile de sortir la tête du guidon …

Dégradation de la qualité du service …

Un collègue intérimaire réagit par la peur  … il se met la pression …

J’ai envie de leur dire au niveau syndical:  être intérimaire , c’est dur …

 

Les graines de colère

Déshumanisation au travail , peu de temps pour entretenir les relations au travail

Démotivation , moins de dimension collective

Pas d’accompagnement pour les changements

Compétition , pression relationnelle

Mauvaise répartition du travail

La situation des intérimaires , leur peur de la précarité ( le sentiment de ne jamais faire vraiment partie de la boite)

Individualisme  ( on attend que les autres fassent )

Le fait syndical et le sens de l’intérêt général pas encouragé dans les boites

Perte de l’estime de soi au chômage ( 100 CV envoyés …aucun retour ! )

Injustices au travail

Le patron qui en demande toujours plus , sans offrir la reconnaissance à ceux qui s’investissent ( salaire , condition de travail )

Déshumanisation , esclavage : on ne respecte pas l’être humain

Le temps personnel , familial , n’est plus respecté : le temps du travail a tout envahi (postes fractionnés , ordinateur , mails …)

Le fric qui prime sur l’humain

Le manque de reconnaissance

Le travail mal fait devient la règle

les personnes se sentent coupables le leur mal-être

 

Les germes d’espoir

Arriver à rester « écoutant »  , à résister aux consignes qui déshumanisent

Retrouver les collègues en dehors du travail  … au restaurant

Des ouvriers sur un chantier qui chantent ..

Rencontrer une équipe ACO et cheminer ensemble grâce à l’ACO … j’ai compris qu’il y avait autre chose à vivre

Accompagner un copain qui passe son CAP

Garder l’estime de soi  en vivant d’autres expériences   … ailleurs

Des gens  heureux au travail parce qu’il y a une relation ouverte

Des gens qui s’adaptent plus facilement  et rebondissent , la qualité de vie est plus importante

Des délégués qui retrouvent du sens à leur mandat

Le rôle des institutions représentatives ( DP , DC , etc … )

Faire ensemble …

Le dialogue , être à l’écoute , on a chacun une responsabilité personnelle de mettre de l’humain dans le travail

Les nouvelles formes d’organisation du travail sont porteuses d’espoir

Pour tenir : avoir confiance en soi  ( grâce à l’éducation, par les parents , par la JOC … )

S’investir dans le syndicat

Soutenir la JOC

Connaître ses droits rend plus fort

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