En équipe de révision de vie RMO, Odile nous partage ce qu’elle vit en tant qu’ « Écrivain public ».
Concrètement, une permanence, une fois par semaine, le vendredi matin.
Nous sommes deux « Écrivains Publics » à la Maison des Habitants de Surieux de notre quartier : le mercredi après-midi pour la salariée, et moi, le vendredi matin. La plupart des personnes ont pris rendez-vous. Nous en accueillons d’autres aussi s’il nous reste du temps.
La grande majorité des personnes vient d’Afrique du Nord, mais aussi du Cameroun, Congo, et maintenant aussi de pays de l’Est. Parfois, elles sont accompagnées d’une fille, une voisine, un membre de la famille, à cause de la langue…
Des liens d’amitié me sont donnés, et cela d’une manière naturelle. Liens qui permettent un enracinement dans le quartier. Je peux croiser l’un ou l’autre dans les allées et venues mais aussi dans le tram, en courses,…
C’est un service d’écoute, qui me donne de rejoindre en proximité des personnes du quartier, de leur signifier par cette présence qu’elles trouveront une oreille qui écoute, de la compréhension, de l’attention à leurs besoins. Joie pour moi de pouvoir leur apporter un « rayon de soleil », permettre que leur inquiétude laisse place à la paix quand elles repartent, le sourire aux lèvres, et pleines de reconnaissance.
Joie immense
Quand je réussis à faire aboutir plusieurs démarches, par exemple : la Mutuelle de Claire, un bonus écologique, le PV exempté des frais de non paiement suite à la mise à jour de la carte grise.
Mes questions.
Lorsqu’un document est rempli en ligne et cela devient quasi obligatoire, la réponse est envoyée en ligne, mais la MDH ne la lit pas, et la personne n’ayant pas de réponse à sa demande ne peut renvoyer des documents manquants…
* A qui s’adresser pour que cela change ? En parler déjà à l’Écrivain public salarié, puis les animateurs ? Toute démarche demande un acte militant pour une efficacité.
* Comment responsabiliser les personnes et changer la structure ?
* Écrivain public, je suis témoin de nombreuses situations d’injustice. A qui, comment, faire remonter ces situations ?
Notre réflexion en équipe.
Les Centres Sociaux ont changé de nom. Désormais, on les appelle «Maison des Habitants ». * Mais ce changement de nom qu’apporte-t-il de nouveau ?
* Où sont orientées les personnes en difficulté ?
* Qui est responsable ?
* Les habitants sont-ils entendus ? Leur-donne-ton la parole ?
Cependant, la MDH est source de lien social entre des personnes, un repère d’espoir, un repère pour plus de vie. C’est tout petit, mais déjà venir voir l’Écrivain public est un début d’insertion. Cela ne peut être que source de Joie pour nous.
Des constats.
Le numérique est omniprésent partout. Toute une population n’y comprend rien et est donc à la « marge » ! Progrès certes, mais des étapes intermédiaires n’ont pas été prévues. Et, cela est source d’exclusion.
Accompagner signifie : ne pas faire à la place des personnes, marcher à leur rythme, avoir souci de faire grandir, écouter …
Quand Jésus-Christ vit sa passion, quelques personnes l’accompagnent, en silence, des femmes pleurent …
Notre manière d’être au monde aujourd’hui.
* Par l’Ecoute, nous vivons notre vœu de pauvreté : se donner totalement, être libérées de nos préoccupations pour être tout aux personnes, saisir ce qu’elles portent en profondeur.
* Mais quand nous sommes témoins de situations d’injustices, nous devons nous faire « violence » intérieurement pour sortir de notre révolte et tenter de regarder ce qui est source d’Espérance. Quand on résout des problèmes, c’est source d’Espérance.
* Lors de l’Assemblée Générale de la FEDEAR, Elena Lassida nous interpellait : quel est notre regard sur le monde : Toujours se plaindre ou être en veille de ce qui naît comme porteur d’Espérance ?
En paroisse, dans nos associations, lors des diverses permanences d’accueil que nous vivons, nous souhaitons vraiment que ceux et celles qui y viennent réalisent qu’ils ont été entendus, qu’ils existent, qu’ils ont du prix à nos yeux :
« Tu as du prix à mes yeux, et je t’aime ». Is, 43,4
« Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et la vie en abondance. »Jn x,10.
« Nos vies de femmes consacrées peuvent être un chemin de joie ! »
Article paru dans CHEMINS (journal de la FEDEAR)