« Quand vous êtes énervés, que vous n’écoutez rien, je comprends qu’il y a une Souffrance en vous ». Ainsi s’adressait “le père Jo” à des enfants d’un foyer socio-éducatif préparant leur profession de foi. Il y a dans cette phrase toute la capacité d’empathie et toute la bienveillance de Jo, que tant de gens ont appréciées. C’est ce que ceux-ci tenaient à dire en fêtant les 90 du père Jo Sandjian
Aussi quand certains ont eu le projet de “marquer le coup” pour ses 90 ans, ils pensaient organiser une petite fête, autour d’un repas réunissant une quinzaine de copains de la mission ouvrière… Mais ils vont vite être débordés. Des gens ont tenu à participer. De plus Jo a souhaité que la paroisse soit associée au projet de la mission ouvrière. C’est ainsi que la fête a regroupé près de 150 personnes à ce qui sera un moment de joie et de communion fraternelle. Les gens ont voulu dire merci à Jo. Certains le connaissent depuis près de 60 ans. Merci d’avoir toujours été présent quand ils avaient besoin d’être écoutés, quand ils voulaient partager des évènements importants de leur vie. Toute personne a besoin de repères dans sa vie, ils savaient qu’ils pouvaient les trouver avec Jo. Ils avaient croisé sur leur chemin un porteur du message évangélique, un passeur d’humanité. C’est cela qu’ils voulaient fêter. Plusieurs temps forts du parcours de Jo ont été évoqués à l’ouverture de la fête. L’Arménie tout d’abord car si Jo est né en France c’était dans une famille arménienne qui venait de fuir la Turquie et le génocide perpétré contre le peuple arménien. Une arrivée qui s’est heurtée à des manifestations de rejet, les mêmes que vivent les migrants d’aujourd’hui. Mais aussi une arrivée dans une France qui sortait de la guerre et qui avait besoin de bras pour se reconstruire. Les parents de Jo remonteront la vallée du Rhône jusqu’à Vienne où ils s’installeront dans une friche industrielle avec 200 autres personnes.
Les Arméniens ont pu trouver du travail assez facilement. Aujourd’hui ils sont la preuve qu’un peuple venu d’ailleurs peut s’intégrer en France, sans oublier sa propre culture et sa propre histoire. De tradition chrétienne par sa famille, Jo va faire la connaissance du père Berland, qui est alors responsable diocésain de l’Action Catholique. Sa première équipe de JOC sera faite de copains de l’école professionnelle qu’il fréquentait et dont il sortira avec un CAP d’ajusteur. Devenu ouvrier, il entendra l’appel du père Berland : « As-tu pensé un jour à devenir prêtre ? ». Après deux années de réflexion, Jo va répondre à cet appel.
Quand il était vicaire dans la paroisse de saint Bruno, le père Berland lui transmettra à nouveau le témoin en lui proposant de devenir responsable diocésain de la JOC. L’église venait de vivre le concile. Jo répondra encore positivement. L’engagement de Jo dans la mission ouvrière deviendra alors constant. Il sera l’aumônier de plusieurs équipes d’ACO et de JOC, responsable de la mission ouvrière sur le diocèse… tout en participant toujours à des activités dans les paroisses.
Dis leur que Dieu n’est pas ce qu’ils croient Dis-leur ce que le vent dit aux rochers, Ce que la mer dit aux montagnes. Dis leur qu’une immense bonté pénètre l’univers. Dis leur que Dieu n’est pas ce qu’ils croient: Qu’il est un vin que l’on boit, Un festin partagé où chacun donne et reçoit. Dis leur qu’il est dans la lumière de midi. Il s’approche et s’enfuit bondissant vers les sources. Dis leur qu’il est ton espace et ta nuit, ta blessure et ta joie. Mais dis leur aussi qu’il n’est pas ce que tu dis et que tu ne sais rien de lui. Soeur M. Pierre Cistercienne de Chambarand