Grenoble : Funérailles catholiques dans les églises

A la suite de la décision de l’évêque de Grenoble-Vienne, Guy de Kérimel, de sortir les célébrations des funérailles catholiques du centre funéraire des Pompes Funèbres Intercommunales de la région grenobloises (PFI), et de retirer la mission à l’équipe de 17 laïcs œuvrant au centre funéraire, à partir du 1er février 2018, les membres du comité de secteur de l’ACO choqués par cette décision ont écrit à l’évêque, qui a répondu. Vous trouverez ci-dessous les deux courriers.

Lettre de l’ACO:

Grenoble le 13 mars 2018

à Monseigneur Guy  de Kérimel

Evêque de Grenoble-Vienne

Père

Nous, membres du Comité de secteur ACO,  avons été choqués par votre décision unilatérale d’imposer que les funérailles catholiques se passent uniquement dans les églises . Cette décision met ainsi  un terme à la mission qui avait été confiée à l’équipe de bénévoles catholiques au Centre Funéraire de la Tronche.

Cette décision s’est prise sans concertation avec l’équipe de bénévoles qui s’est sentie très blessée. Pour nous militants d’ACO, le respect dû aux travailleurs ou aux bénévoles est primordial.

Une autre question se pose : faut-il contraindre à rentrer dans une église pour avoir droit à des funérailles religieuses ? On peut se permettre d’en douter.

Dans certains cas, la cérémonie dans un lieu neutre a permis à des proches, à des amis, à la famille du défunt, ou à des personnes d’autres confessions religieuses de se sentir à l’aise et respectées.

Pour une cérémonie de funérailles, l’essentiel est-il le lieu où elle se déroule ?

Dans le courrier des lecteurs du journal La Croix daté du 2 mars un lecteur écrit que pour parvenir à la « réussite » des funérailles, « il est indispensable qu’elles soient organisées ou célébrées en respectant prioritairement la volonté du défunt, ou en l’absence de celle-ci, conformément à l’hommage que la famille entend lui rendre ».

Pour certains l’église sera le lieu choisi, pour d’autres, un lieu neutre qui leur convient mieux.

Une des conséquences de la mesure que vous avez prise ne sera-t-elle pas une diminution des funérailles catholiques et donc une occasion manquée d’être proche, à un moment important de ce qu’elles vivent, de personnes, de familles qui, pour diverses raisons ,ne sont pas liées à une paroisse.

Plusieurs exemples dans les Evangiles nous montrent comment Jésus est « allé vers »… et  « allé à la rencontre » … c’est à dire qu’il a fait un pas et n’a pas attendu que l’on vienne à lui.

« Quand 2 ou 3 personnes sont réunies en mon nom, je suis au milieu d’elles » nous dit Jésus. Il n’a pas dit «  quand 2 ou 3 personnes sont réunies en mon nom dans le temple, je suis au milieu d’elles ».

Dans la présentation, dans le «Relais 38 » n° 294, de la mesure que vous avez prise, vous dites que vous ne cessez «d’œuvrer pour que nos communautés vivent une vraie refondation et qu’elles soient d’avantage missionnaires et fraternelles » .

Est-ce qu’essayer d’être missionnaire, c’est dire à ceux que l’on rencontre «  viens là où je suis », ou plutôt aller à la rencontre, sortir de nos lieux, aller à la « périphérie » pour cheminer avec eux à partir de là où ils en sont ?

« Aujourd’hui, on relocalise les funérailles dans nos églises, pour tous les catholiques, pour ceux qui sont pratiquants, comme pour ceux qui le sont moins. Les églises sont ouvertes, tout le monde est bienvenu » … Ouvertes… heureusement … à condition de ne pas être obligé d’y entrer…

« Dans nos églises, les familles trouvent un accueil, un accompagnement qui ne s’arrête pas après la cérémonie » …..on peut dire exactement la même chose pour les célébrations qui se déroulent aux PFI , c’est bien la preuve que ce n’est pas le lieu des célébrations qui importe en premier, mais plutôt les rencontres qui auront lieu avant ou après les funérailles pour être au plus près de ceux qui auront besoin d’un soutien, d’une présence.

Pour nous membres de l’ACO, dont certains accompagnent des familles en deuil, c’est essentiel d’aller vers les personnes souffrantes et de les rejoindre là où elles en sont , de leur rencontre avec Celui qui est tout Amour.

Nous voulions partager avec vous nos sentiments attristés par votre décision.

Veuillez agréer, Père, l’expression de nos sentiments respectueux.

Pour le Comité de Secteur ACO de Grenoble

Michel Bérard

Réponse de Mgr de Kérimel, évêque de Grenoble-Vienne

Grenoble, le 16 mars 2018

Cher Monsieur,

Au nom du comité de secteur de l’ACO, vous me transmettez votre désapprobation concernant ma décision de retirer les funérailles catholiques du centre funéraire.

« Décision unilatérale »,  » sans concertation avec l’équipe des bénévoles… »: depuis plus de trois ans cette question a été réfléchie. Depuis plus de trois ans j’ai envoyé le Vicaire Général auprès de l’équipe. Depuis au moins un an, le Vicaire Général a préparé la fin de mission de l’équipe qui arrivait à échéance fin octobre 2017, et qui a été prolongée jusqu’au 31 janvier. Je n’ai pas, moi même, demandé l’avis de l’équipe, mais je ne l’ai pas prise par surprise.

« Ce n’est pas le lieu des célébrations qui importent en premier,mais plutôt les rencontres qui auront lieu avant ou après les funérailles pour être au plus près de ceux qui auront besoin d’un soutien, d’une présence. »: tout à fait d’accord, je rajouterai que le défunt a aussi besoin de notre prière et que les funérailles catholiques ont deux buts: le salut du défunt et le soutien des familles. Si le lieu importe peu, il n’est pas indispensable qu’il soit au sein d’une entreprise commerciale, et il est logique que ce lieu corresponde à la demande. Je n’oblige personne à entrer dans une église, mais quand on demande des funérailles catholiques, il y a une logique à ce que ce soit dans une église.

Cela n’a pas posé de problèmes à tous ceux qui étaient à la Madeleine pour les funérailles de Johnny. Pour les mariages catholiques, on va naturellement dans les églises. Personne n’est obligé, tous le comprennent et le demandent.

Ma décision ne contredit en rien l’importance de sortir, d’aller vers…

Je vous remercie de m’avoir partagé votre avis et je vous souhaite une bonne marche vers Pâques.

Guy de Kérimel
Evêque de Grenoble-Vienne

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