La Mission Ouvrière Grenoble et le synode, Rencontre du 29 janvier 2022

Nous étions 22 personnes à nous retrouver à l’invitation de la Mission Ouvrière de l’agglomération de Grenoble dans le cadre du synode de l’Église, autour de la question : Quelle Église pour le monde d’aujourd’hui ?

Sur le diocèse, nous avions déjà vécu un synode en 1990. On pouvait lire dans le cahier synodal :

« L’église n’existe pas pour elle-même, sa tâche est d’appeler sans cesse les croyants à vivre leur Foi dans les réalités humaines, … s’engager pour la construction d’un monde plus humain et plus fraternel et lutter contre toute forme d’injustice ».

« Notre église saura-t-elle ne pas être seulement au « service des pauvres » mais porter sa mission d’évangélisation « avec » eux ? »

Ce rappel montre qu’il y a plus de 30 ans nous étions face aux mêmes questions. Nous pouvons nous demander pourquoi est-ce si dur d’évoluer ? Quels freins ont entravé les décisions votées en 1990 ?

L’assemblée s’est organisée en 3 ateliers où chaque participant était appelé à écrire sa contribution avant de la partager et de débattre avec les autres membres de l’atelier.

Enfin chaque atelier faisait sa synthèse des contributions pour la partager en grand groupe.

Voici le compte rendu de toutes ces contributions.

 

  • Comment témoignons-nous de l’Évangile ?

Par nos engagements :

  • Par ma présence dans mes lieux de vie : conseil syndical dans l’immeuble, dans la famille auprès de parents âgés ou de petits enfants, au travail pour dépasser les individualismes, dans la rue par un bonjour, un sourire, accueillir et renseigner …
  • Par la vie associative et collective, une attention à tous pour que chacun prenne la parole, oser proposer pour avancer collectivement
  • Porter attention aux plus faibles et m’engager là où je vis pour combattre les injustices.
  • Vivre la solidarité avec les personnes qui m’entourent dans mon quartier, avec les personnes en difficultés à travers l’épicerie sociale ou les groupes de citoyens solidaires.
  • Par la présence auprès des migrants, question qui me semble prioritaire aujourd’hui pour la vérité de l’Évangile.

Dans nos relations :

  • Par notre manière d’être : attention à l’autre, écoute, agir avec d’autres pour plus de justice, dénoncer et proposer pour plus d’humanité. Se mouiller, oser une parole.
  • En prenant le temps de l’écoute, en marchant avec d’autres. En lisant la parole avec d’autres.
  • Par une présence-accueil-écoute des personnes dans la proximité, au cœur de nos quartiers.
  • Par le choix d’un habitat collectif pour personnes âgées et en participant aux animations prévues.
  • Par la visite de personnes seules ou en foyer logement.
  • J’essaie de comprendre les réalités de vie de chacun et si je peux j’apporte une parole d’espérance.
  • Je crois à la valeur de l’exemple plus que des discours.

Par notre vie de foi :

  • Ouverture à ceux qui souffrent, vivre les valeurs de l’Évangile : humilité, bienveillance, acteur de paix et de justice …
  • Par ma vie, montrer qu’il y a une différence entre foi et Église institutionnelle
  • A travers ma prière et l’écoute des personnes jeunes et moins jeunes.
  • En vivant des valeurs de l’Évangile au quotidien : bienveillance, écoute, respect pour tous.
  • En relisant notre vie en tant que témoin du Christ (discerner par rapport à l’Évangile).

 

  • Quelle Église voulons-nous construire ?

Une Église simple :

  • L’Église doit devenir plus humble, arrêter les apparats et se consacrer à ce que chacun y trouve sa place. Église sans richesse, ouverte à tous, à l’écoute, sans juger ni condamner
  • Une Église simple, qui ose une parole bien incarnée dans le monde et l’assume.
  • Retrouver une Église des premiers temps des apôtres. Une Église fraternelle ; de partage ; de rencontres amicales ; priante.
  • Une Église dégagée de ses signes extérieurs, qui ne soit pas pimpante et qui abandonne ses accoutrements qui font rire nos jeunes et font paraître nos prêtres comme des acteurs de théâtre.

Une Église accueillante :

  • On veut concrètement une Église du pardon et non donneuse de leçon. Une Église inclusive qui accueille toutes les personnes quelques soient leurs orientations, où chacun a une place, même si ce n’est pas la même.Par essence, l’Église est pour tous.
  • Une Église qui entend la clameur des pauvres, qui incarne l’Évangile et qui va aux périphéries,qui soit là où sont les gens et non pas enfermée dans ses murs.
  • Accueillir plus de femmes dans les instances.

Une Église qui écoute :

  • Je voudrais une Église attentive aux vécus du monde, qui sache écouter les appels de tous sans juger ni condamner.
  • Une Église à l’écoute et soucieuse de ceux qui se sont éloignés de la pratique tout en gardant une certaine foi.
  • Une Église qui ose prendre position pour que l’Évangile soit vécu dans le concret de chaque jour.

Une Église ouverte :

  • Mon rêve d’Église : une Église où chacun à sa place, où les décisions seraient prises en toute transparence. Une Église moins hiérarchique, ouverte au monde et plus particulièrement pauvre parmi les pauvres. Une Église moins institutionnalisée.
  • Ne pas oublier que l’Église n’est pas que pour les clercs ou les habitués du culte, mais aussi pour les hommes et les femmes des périphéries.
  • Une Église proche et inclusive, qui invite et non qui juge. Où l’on peut faire communauté pour relire la vie de quartier.
  • Une Église qui sache solliciter, qui soit appelante. Une Église « hôpital de campagne ».

Une Église qui vive l’inter-religieux :

  • Faire des liens entre les Églises pour montrer une certaine unité de foi, mais non d’uniformité.
  • Une Église qui vive l’œcuménisme, le dialogue inter religieux, et ouverte aux non croyants. Avec des rencontres plus régulières entre Églises différentes, autour de la parole pour voir comment vivre ensemble, et non en parallèle.

 

  • Quels changements attendons-nous du synode ?

 Dans l’Église en général

 Prêtres et laïcs :

  • Des prêtres au service des communautés et pas seulement des fonctionnaires des sacrements. Le prêtre doit être serviteur, savoir « marcher avec ».
  • Avec des prêtres qui travaillent à 50% pour être en contact avec les réalités du monde.
  • Une formation des prêtres ouvertes sur la vie, avec des laïcs, femmes et hommes, formés et formateurs avec eux. La formation des prêtres préoccupe beaucoup et demande une grande attention. Et pourquoi pas, imaginer que les prêtres travaillent à mi-temps.
  • Une Église plus ouverte aux femmes dont elle doit reconnaître la place et le rôle en son sein. D’une manière générale, plus de présence de laïcs, mais attention à ne pas poser des barrières aux bonnes volontés en instituant des ministères aux laïcs.

Pour quelle mission :

  • Nous voudrions une Église plus ouverte au monde, moins enfermée dans ses murs.Une Église préoccupée des hommes, de leurs attentes, de leurs angoisses, de leurs luttes, plus que de la survie de ses institutions, de ses rites et de ses certitudes.
  • Que l’Église devienne Église du pardon et qu’il n’y ait plus de rejeté des sacrements comme pour les divorcés remariés.
  • Que la parole des laïcs soit entendue, en particulier ceux qui travaillent en périphérie, au plus près des gens en difficultés.
  • Une Église qui écoute les préoccupations de la société : écologie, justice sociale, soucis personnels et familiaux. Église du partage et de la solidarité.
  • Priorité à mettre l’Évangile en action, à inviter les chrétiens à relire leur vécu et le partager. Que l’Évangile soit la vie de tous les jours car vivre l’Évangile, ce n’est pas le rituel ou les sacrements d’abord.
  • Une Église décentrée d’elle-même ; ouverte à l’œcuménisme, à l’inter religieux, aux non croyants.

Avec quelle organisation :

  • Moins hiérarchique, « décolromanisée » et sans créer d’autres ministères pour des laïcs.
  • Un modèle de gouvernance plus adapté à notre temps, en prenant exemple sur nos Églises sœurs.
  • Plus de démocratie avec des instances de concertation, où les décisions sont prises en commun.Que l’Église ait un projet pastoral élaboré de manière synodale et élise des responsables pour un temps déterminé.
  • Que le choix des évêques et leur élection relève aussi du peuple des baptisés.
  • Pouvoir faire des assemblées animées par des laïcs lorsqu’il n’y a pas de prêtres disponibles. Sur l’exemple des funérailles présidées et animées par des laïcs, pourquoi pas des mariages aussi.

 Et quelle façon de faire :

  • Se préoccuper d’avoir un langage proche des gens et compréhensible plutôt quedes rites.Moins d’apparat dans la liturgie.
  • Revoir la formation des prêtres avec des laïcs et fin de la domination masculine.
  • Une Église moins normative, moins dogmatique ; une Église en chemin.
  • Retrouver la démarche de l’Action Catholique, être au cœur du monde.
  • Mettre en place une démarche de relecture, partager les traces du Royaume qui grandit grâce à l’action des hommes et des femmes et pas seulement des croyants.
  • On pourrait instituer un temps avant la messe pour faire des rencontres de proximité permettant de relire ce qui s’est passé durant la semaine dans le quartier, les familles, …
  • Un accueil plus facile entre Églises sœurs, (exemple pour les sacrements), appliquer les accords faits.
  • Que la hiérarchie vive le « pacte des catacombes »1.

 

  1. Dans l’Église localement

 Prêtres et laïcs :

  • Donner toute leur place aux laïcs, hommes et femmes, que l’évêque et les prêtres ne soient pas seuls à décider.
  • Formation des prêtres à revoir pour qu’ils puissent vulgariser la tendresse de Dieu et non pas moraliser.
  • Des prêtres capables de s’inculturer (africains ou non).

Pour quelle mission :

  • Une Église qui prend soin des uns et des autres et moins centrée sur l’organisation.
  • Qui porte attention aux vécus de nos quartiers.

Avec quelle organisation :

  • Proposer une présence d’Évangile, autre que du rituel.
  • Développer des communautés de proximité, fraternelles, là où sont les gens.
  • Sortir du tout paroissial comme mode de communauté, ce n’est pas le seul. Pouvoir refaire des cérémonies religieuses aux PFI.
  • Une Église ouverte à l’action catholique, et une reconnaissance de la Mission Ouvrière.
  • Pouvoir faire des assemblées avec ou sans prêtre s’il n’y en a pas de disponible.
  • Se rencontrer plus souvent entre Églises autour de la parole pour voir comment vivre ensemble et non en parallèle.

 

1Le Pacte des Catacombes, « Une Eglise pauvre pour les pauvres. »  Un événement méconnu de Vatican II et ses conséquences. Edité et commenté par Luis Martinez Saavedra et Pierre Sauvage.EditionsLessius. 2019

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