Méditation pour un début de déconfinement (mai 2021)
Les Apôtres sortent du Cénacle où ils s’étaient confinés
Les Apôtres étaient confinés au Cénacle, non à cause d’un virus comme notre covid-19, mais par peur de subir le même sort que leur maître. Après la crucifixion, les apôtres et disciples sont abattus, découragés. Ils se terrent dans le Cénacle.
Puis peu à peu ils découvrent que la mort de leur Maître n’est pas dépourvue de sens, et qu’au contraire elle ouvre un chemin de Salut, un chemin de Vie. Emplis de cette présence divine, ils sortent de leur Cénacle, confiants, risquant l’hostilité. Ils disent l’espérance qui est désormais en eux. Pierre, croisant un impotent qui mendiait lui dit « De l’or et de l’argent je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne. Au nom de Jésus, marche » et il le releva. L’apôtre Philippe permet à l’eunuque d’Ethiopie de se libérer de « son problème » (le fait de ne pas avoir de descendance était insurmontable pour lui) et de trouver une fécondité d’un autre ordre.
L’évangélisation n’est pas d’abord de convertir des personnes mais de leur permettre de retrouver goût à la vie, de trouver leur place dans notre société, et d’entrer dans une relation d’échange et de réciprocité. « Le jeûne que je préfère n’est-ce pas ceci ? Dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref, que vous mettiez en pièces tous les jougs ! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras » (Is 58, 6-7).
Jésus avait une vie spirituelle intense. Il se retirait dans la montagne pour prier, fréquentait le Temple et les synagogues. Mais l’évangile ne cesse de relater les actions de Jésus, soulageant les souffrances, guérissant les malades, réintégrant ceux qui étaient exclus (la femme adultère, les Samaritains,…). Jésus tance les pharisiens parce que, précisément, ils réduisaient la religion à des pratiques cultuelles. Le chrétien doit être à l’image et à la ressemblance du Dieu de tendresse et de pitié, et en devenir ainsi le témoin. Nos « cénacles » ne doivent pas être des refuges, mais des lieux de ressourcement. La religion ne se réduit pas aux célébrations, aux prières et dévotions. La pratique sociale est l’autre pilier fondamental d’une vie chrétienne. L’église de France a remis cette dimension de solidarité au cœur de la vie chrétienne avec le rassemblement DIACONIA 2013 à Lourdes. De nombreux groupes-solidarités sont nés dans les paroisses. Notre diocèse a créé le service diocésain de la Diaconie. Le Pape ne cesse d’appeler l’église à sortir hors-les-murs, d’aller dans les périphéries, d’aller à la rencontre avec les hommes et femmes de notre temps.
Une église qui se déconfine, c’est une église qui sort du Cénacle, qui relève les défis de notre monde du 21ème siècle.
Serge Huet