LE PACTE DES CATACOMBES 10 décembre 1965
Nous évêques,
– réunis en concile Vatican II,
– reconnaissant les manquements de notre vie en ce qui concerne la pauvreté évangélique ;
– nous exhortant les uns les autres à ce que notre façon d’être n’apparaisse pas singulière ou arrogante ;
– unis à tous nos frères dans l’Épiscopat ;
– confiant surtout dans la grâce et la force de Notre-Seigneur Jésus-Christ et soutenus par les prières des fidèles et des prêtres de nos diocèses ;
-nous plaçant par la prière et la pensée, en présence de la très sainte Trinité,
– de l’Église du Christ,
– des fidèles et des prêtres de nos diocèses,
– humbles et conscients de notre faiblesse, mais déterminés et rendus forts par la grâce reçue de Dieu, nous nous engageons à ce qui suit :
- 1. Nous nous efforcerons de mener une vie ordinaire, au sens courant du terme, en ce qui concerne l’habitation, la nourriture, les moyens de déplacement et autres choses de ce genre.
Mt 5, 3 ;Mt 6,33-34 ;Mt 8,20.
- 2. Nous renoncerons une fois pour toutes à l’étalage et à la réalité des richesses, en particulier :
– dans les habits (tissus somptueux, couleurs éclatantes),
– dans les marques de distinction (en matières précieuses), à ne porter, suivant les normes évangéliques, « ni or, ni argent ».
Mc 6,9 ; Mt 10,9-10 ; Ac3,6.
- 3. Nous ne posséderons pas en propre de maisons, de meubles, de comptes en banque, mais en cas de nécessité, nous mettrons tout au nom du diocèse ou des œuvres sociales ou caritatives.
Mt 6, 19-21, Lc 12, 33-34.
- 4. Dans la mesure du possible, nous confierons, dans notre diocèse, la gestion de l’argent et des biens matériels à des hommes choisis et capables, afin que nous-mêmes soyons moins administrateurs et plus pasteurs et apôtres.
Mt 10, 8 ; Ac 6,1-7.
- 5. Nous refuserons d’être honorés, de vive voix ou et par écrit,« de noms qui sentent la grandeur et le pouvoir (par exemple Eminence, Excellence, Monseigneur…). Nous préférerons être appelés Père, qui est un nom évangélique.
Mt 20, 25-28 ; Mt 23,6-11;Jn 13.12-15.
- 6. Nous nous garderons, dans notre manière d’agir ou nos rapports sociaux, de paraître accorder privilèges, prééminence ou avantages aux riches et aux puissants » (à l’occasion, par exemple, de repas donnés ou acceptés, de classe choisie pour les cérémonies religieuses).
Lc 13,12-14 ; 1Co 9,14-19.
- 7. De même, nom nous garderons de flâner la vanité pour remercier ou susciter des donateurs » ou pour toute autre raison. Par contre, nous inviterons les fidèles a considérer comme une juste participation les dons faits par exemple pour le culte, l’apostolat et l’action sociale.
Mt 6.2-4 ; Lc 15.9-13 ; 2 Co 12.14.
- 8. Nous donnerons toute la part requise de notre temps, de notre pensée, de notre cœur ou de nos biens pour l’apostolat et le service pastoral des personnes et des associations de travailleurs, de sans-ressources, de moins développés, sans préjudice pour les autres personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons ainsi ceux que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers, en participant a leur vie et à leur travail, qu’ils soient laïcs, religieux, diacres ou prêtres.
Lc 4.18-19 ; Me 6,4 ; Mt 11,4-5 ; Ac 18, 3-4 ; Ac 20,33-35 ; 1 Co 4,12 et 9.1-17-
9 Conscients des besoins de la justice et de la charité et de leurs liens mutuels nous chercherons à transformer les œuvres de « bienfaisance »en œuvres sociales basées sur la justice et la charité, destinées à tous selon leurs besoins, comme l’humble service des organes civils compétents.
Mt 25, 31-46 ; Lc 13,12-14 et 33-34.
- 10. Nous mettrons tout en œuvre pour que ceux qui dirigent l’État ou les services publics, établissent et fassent respecter les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à stimuler la justice, l’égalité et le développement harmonieux et parfait de tout l’homme par tous les hommes et, en conséquence, l’instauration d’un nouvel ordre social, digne des fils des hommes et des fils de Dieu.
Ac 2, 44-45 ; Ac 4,32-35 ; Ac 5,4 ; 2 Co 8 et 9 ; 1 Tm 5,16.
11 La collégialité des évêques trouvant son effet évangélique le plus grand dans la prise en charge commune des multitudes d’hommes (deux sur trois) souffrant de misère corporelle, culturelle et morale, nous prenons l’engagement suivant :
– contribuer, selon nos forces, à constituer les fonds nécessaires aux épiscopats situés dans les régions pauvres18 ;
– demander en même temps aux conseils internationaux, en apportant le témoignage de l’Évangile comme l’a fait le pape Paul VI à l’ONU, d’établir des structures économiques et culturelles qui non seulement ne rendent pas les gens pauvres dans un monde chaque jour plus riche, mais qui permettent aux pauvres de sortir de la misère.
- 12. Nous nous engageons à mettre notre vie en commun par charité pastorale avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs, pour que notre ministère soit un vrai service. Ainsi :
– nous nous efforcerons de revoir avec eux notre vie ;
– nous susciterons des coopérateurs qui soient plus des animateurs selon l’Esprit que des chefs selon le monde ;
– nous essaierons d’être le plus humainement présents, de bien recevoir… ;
– nous serons ouverts à tout homme, de quelque religion qu’il soit.
- De retour dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître nos dispositions à nos diocésains, en leur demandant de nous aider par leur intelligence, leur présence et leurs prières.
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Le pape François est en train de « réaliser » l’Église de Vatican II
« Selon le théologien Victor Codina, Le pape François est en train de « réaliser » l’Église de Vatican II en faisant évoluer plusieurs domaines :
– passer d’une Église puissante et froide à une Église pauvre de proximité ;
– d’une Église obsédée par la morale relative à la sexualité et à la reproduction à une Église selon l’évangile ;
– d’une Église d’inquisition centrée sur le péché à une Église de la miséricorde et de la tendresse ;
– d’une Église du prosélytisme autoréférentiel à une Église des pauvres prophétique ; d’une Église enfermée gardienne des reliques à une Église des périphéries, en sortie, missionnaire ;
– d’une Église de la restauration, tournée vers le passé, à une Église insérée dans l’histoire, de la collégialité et du Peuple de Dieu en marche ;
– d’une Église de pasteurs bureaucrates, d’aéroport et de carriérisme à une Église de pasteurs à « l’odeur des brebis » ;
– d’une Église vieillissante et triste à une Église de la joie et de la liberté » d’esprit ; –
– d’une Église cléricale et machiste à une Église hospitalière de la diversité du Peuple de Dieu ».
Cité dans le livre « Le Pacte des catacombes », éd. Lessius, p. 237-238