Ré-enchanter la Révision de vie

RÉ-ENCHANTER LA RÉVISION DE VIE
Exposé de Michel MOUNIER (prêtre de la Loire) le samedi 9 avril 2022 à Voiron
Prise de notes : Philippe Moignet

Quelques remarques générales :
On fait révision de vie dans le contexte d’aujourd’hui
– nous vivons un changement radical de civilisation (cf. « L’Archipel français »), marqué
par l’effacement du christianisme et de son vis-à-vis : le communisme ;
– montée de l’individualisme : l’individu a du mal à se construire, ce qui est coûteux sans
structure pour aider.
– effacement du mouvement syndical et militant.
Un risque : vivre dans la nostalgie. Le passé est passé : on n’y retourne pas !
L’A.C.O. et la révision de vie ont fait de nous les croyants des militants… et dans certains
cas des incroyants (« la foi nous quitte »).
Dans la révision de vie, il y a une forte attente personnelle : trouver un sens à ma vie.
Nous vivons nos engagements dans un contexte d’angoisse : environnementale,
identitaire, sanitaire, et retour de la guerre près de nous.
Une spécificité française : le pessimisme. Pessimisme chrétien, dans l’Église (cf. abus),…
Nous, nous étions dans la perspective de l’Exode : tournés vers une libération.
Se rappeler que l’Exode, en tant qu’Exode n’est rien ! Mais il nous parle de l’Exil, de
retour dans la Terre Promise sans roi, de résurrection, mais qui implique la Passion !
La révision de vie doit revivifier en nous le parti de l’espérance chrétienne. La conviction
que Dieu n’abandonne ni son peuple, ni l’humanité, est, dans cette perspective, un
magnifique outil, à condition qu’elle soit vraie.
*

VOIR, JUGER, AGIR : une bonne démarche à ne pas absolutiser. Une autre possibilité :
juger, voir, agir (i.e. partir de l’Écriture). On peut aussi commencer par prier (même le
chapelet). Aujourd’hui : nécessité de s’adapter à une génération que ne fonctionne plus
comme nous.
Ré-enchanter la révision de vie.
Pourquoi ? Elle ne chante plus ; elle a fait son temps. D’où : la revisiter.

a/. Ce n’est pas une méthode, mais un parcours vécu ensemble pour s’entrainer à une
vie de croyant. Un apprentissage pour être apôtre du Christ, mener une vie avec Dieu.
– Un style de vie avec des exigences personnelles et communautaires,
– Donner de la valeur à ce qu’on vit.
– Notre vie peut donner goût à rencontrer Dieu.
– Nous avons à témoigner de l’action de Dieu, rendre compte de la foi qui nous fait
vivre.
Dans la révision de vie, il faut parler en « Je ».
Dans l’évangile, Jésus rencontre des personnes.
Risque de faire du « voir » un catalogue : énumérer beaucoup de faits…
Le « voir » doit être un récit : cf. « de quoi parliez-vous en chemin ? » cf. Lc 24, 17.
Quelqu’un du groupe, est invité à faire le récit d’un fait ET de comment il l’a vécu, que s’est-il
joué pour lui (ou elle).
Dès le début elle est une démarche de croyant.
Pour commencer, on peut allumer une bougie, mettre une icône.
Attention : il ne s’agit pas de confronter des analyses, d’entrer dans un débat, ni de se
convaincre les uns les autres.
On peut aussi en rester à des valeurs.
L’important c’est de rencontrer quelqu’un : Jésus, Sauveur. C’est d’aller à la source : cf. la
tradition, les témoins, et tant d’autres.
Croiser paroles des hommes et paroles de Dieu. Prendre le temps d’un dialogue avec lui,
avec notre foi, nos doutes, notre incroyance.
Souvent nous restons insatisfaits. N’est-ce pas étonnant de chercher Dieu et de se laisser
chercher par lui, sur qui on ne peut mettre la main (cf. Marie-Madeleine) et qui ne se laisse
pas enfermer dans nos paroles.
Les choses ont changé. Jadis la vie était unifiée par l’engagement militant. Aujourd’hui on ne
s’engage que de manière limitée, ponctuelle.
La révision de vie est un lieu important pour se construire. Pour cela il faut parler en « je ».
Les défis sont nombreux et passionnants.
Cf. E Grieu s.j. : le chemin, c’est faire route avec Dieu comme compagnon.
Deux distorsions possibles :
– Chercher ce qui manque dans le monde pour que le Royaume de Dieu advienne.
Mais est-ce le monde qui doit changer ou moi ?
– On contemple l’action de Dieu dans le monde : il agit et est présent, c’est vrai, mais
risque de se mettre à sa place.

Dans le récit d’Emmaüs (Lc 24, 13-35), les deux compagnons déballent ce qui leur est resté
en travers de la gorge. Jésus : que déballiez-vous ? … joie, tristesse, déception, etc…
Le dire permet de briser le cercle où l’on risque de s’enfermer (satisfaction ou désespoir).
Jésus les invite à redire leur espoir, même si cela leur demeure incompréhensible. Il ne
répond pas à leur attente, à leur incompréhension, il les amène ailleurs, leur explique les
Écritures, ce qui semble ne rien produire en eux, … mais met leur cœur en route (« cœurs
brûlants »), fait revenir à la surface leur désir profond. L’Écriture change notre regard, éveille
notre désir. La relation à l’Écriture c’est la pièce maîtresse.
Ils repartent dans la nuit en pensant autrement. N’est-ce pas cela l’agir ?
Dans ce récit l’autonomie des trois temps est respectée.
Voir : le poids de notre vie.
Juger : l’Écriture n’est pas là pour interpréter, expliquer, donner des réponses, mais pour
raviver notre désir : un nouveau dynamisme est possible.
Agir : quelque chose de neuf peut surgir dans le cœur des disciples.
La démarche va au-delà de la réunion.
E. Grieu met en valeur trois points :
– l’expression d’un désir, de ce qui me tient à cœur, de ce qui m’est cher.
– l’écoute d’un appel, d’une promesse : c’est un travail de longue haleine. L’Esprit
travaille à son rythme.
– le tissage de liens de solidarité. Expérience d’une confiance plus grande (solidarité
ou : communion). La vie des autres devient partie prenante de notre vie.
Si ces trois éléments sont présents, il y a révision de vie.

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