Debout, les affamés de justice
La proximité des élections présidentielle et législatives nous incite à prendre la parole. Prêtres-ouvriers, nous sommes du peuple des travailleurs, des personnes en précarité, des exilés, des personnes et familles fragilisées par la société. Leur vie, leurs souffrances, leurs combats, leurs espoirs, sont devenus nôtres, avec les organisations ouvrières et sociétales auxquelles nous participons. En tant que prêtres-ouvriers, nous souhaitons simplement témoigner des convictions qui nous habitent à la veille de ces scrutins qui revêtent une grande importance pour notre pays, et surtout pour les plus fragiles de la société.
Nous croyons qu’un monde meilleur est possible, car nous avons toujours côtoyé des hommes et femmes qui ne se résignent ni à la misère, ni à l’exclusion, ni au mépris, et qui reprennent le flambeau avec audace et persévérance. Pour nous, l’Évangile de Jésus-Christ est une brûlure. Il nous appelle à résister à ceux qui veulent réduire les travailleurs à l’esclavage, et à promouvoir une société où les besoins et les droits fondamentaux sont respectés pour tous : se loger, travailler, se nourrir, s’éduquer, se cultiver, s’organiser. Pour nous, notre Foi est indissociable de l’émancipation humaine.
Force est de constater qu’aujourd’hui le système capitaliste, avec l’appui de la droite, amplifie ses dégâts en mettant gravement en danger la planète et en organisant une société où les inégalités n’ont jamais été aussi scandaleuses. Non seulement les moyens de vivre de ceux qui sont au bas de l’échelle se rétrécissent dangereusement pendant que ceux des plus riches flambent. Mais c’est aussi le droit d’exister, de vivre, d’être écouté, d’être respecté qui est mis en cause.
Nous témoignons que la citoyenneté peut permettre à tous, individuellement et collectivement, de prendre la parole, d’être respecté et de participer dans tous les lieux de vie – l’entreprise, le quartier, la nation – au mieux-vivre ensemble et aux grands choix de notre nation. Nous savons que la démocratie est un combat permanent pour redonner le goût d’être acteur et de contribuer à la recherche du Bien commun. Dans la société, les centres de décision sont de plus en plus éloignés et impersonnels… C’est la société « anonyme » qui est en train d’émerger. Il faut réinventer la citoyenneté afin de permettre à chacun(e) d’être acteur (trice) pour bâtir une terre humaine et habitable pour tous.
Nous croyons que les besoins essentiels peuvent être satisfaits pour tous par une autre organisation économique et un arrêt du détournement des richesses et des lois au profit de quelques-uns. Nous ne pouvons tolérer que les droits des demandeurs d’emploi et des précaires soient diminués. Ni que des travailleurs dorment dans leur voiture, faute de moyens pour se loger. Le droit d’asile lui-même est bafoué avec l’accueil déshumanisé et des dispositions liberticides. Pour tous, se soigner est souvent une vraie galère. Les services publics sont vendus au privé les uns après les autres, alors qu’ils sont un des piliers essentiels de la vie démocratique. Les familles que nous côtoyons dans nos quartiers se privent sur la nourriture et les loisirs… Le pillage n’a que trop duré ! Le politique doit s’imposer devant le marché. Il faut rompre avec la finance.
Cette société à deux vitesses, nous n’en voulons pas ! Nous sommes liés à beaucoup de citoyen(ne)s qui la refusent en s’attaquant aux grandes questions qui nous sont posées : la répartition des richesses mais aussi la manière dont nous les produisons et leur utilité sociale. Pour nous, la terre et l’humanité sont sacrées et interdépendantes l’une de l’autre, et il est urgent d’arrêter la surexploitation de la nature.
Nous croyons que la fraternité est un trésor à conserver envers et contre tout. Avec beaucoup, nous luttons contre l’extrême-droite qui veut casser la fraternité entre les hommes et entre les peuples. Pour eux, l’émigré est devenu le bouc-émissaire. Nous pouvons témoigner que « la fraternité, ça marche », lorsqu’il faut défendre le droit d’asile ou celui d’avoir un logement digne ; lorsqu’il faut aller soutenir des travailleurs en lutte ou respecter la nature… Lorsque les droits fondamentaux sont bafoués, le sursaut de la fraternité est toujours le plus fort.
Pour nous, la fraternité dépasse toutes les frontières. Et lorsqu’elle est abîmée par ceux qui provoquent le rejet ou la haine, c’est l’humanité entière qui est blessée. La fabrication et le commerce des armes dans lequel baignent les choix politiques de notre pays, et le surarmement du monde auquel nous participons largement, sont autant de choix que nous combattons car ils brisent la coopération entre les peuples et mènent toujours à la ruine. Beaucoup se lèvent dans le monde pour exiger la paix et le désarmement, cet espoir nous fait vivre. Aujourd’hui, le peuple Ukrainien doit retrouver sa souveraineté et la paix. Partout dans le monde, manifestons notre solidarité avec le peuple Ukrainien pour que les armes se taisent, ainsi qu’avec tous les peuples où la paix est menacée.
La JOC affirme : « Un jeune travailleur vaut plus que l’or du monde car il est Fils de Dieu ». Cette exigence de dignité due à tout être humain sera au cœur de notre vote
- Nous voterons pour choisir un projet de société qui, dans tous les domaines – social, économique, écologique – place l’humain avant l’argent.
- Nous voterons pour faire barrage au poison de la haine et de l’exclusion.
- Nous voterons pour la liberté de vivre dans un monde fraternel et solidaire.
Avec les membres de la Mission Ouvrière, nous croyons que Dieu aime notre monde et qu’il entend le cri des opprimés. Nous croyons que son Esprit vit avec celles et ceux qui luttent pour un monde solidaire et respectueux de l’environnement. Nous croyons que l’appel lancé par Jésus il y a 2000 ans sur les collines de Palestine demeure d’une brûlante actualité : « Debout les affamés de justice et de paix! » … Un monde différent est possible.
Paris, le 1er mars 2022
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